Troisième propriété hôtelière de la Maison Bvlgari, l’établissement londonien de Knightsbridge se découvre comme un élégant pied-à-terre, intégralement signé de la main de l’italien Antonio Citterio. Place à un vrai luxe d’auteur.
Si les photographies de l’hôtel renvoient l’image d’un lieu grandiose, le ressenti est en fait intimiste ; les proportions justes, sans effet de démesure. À commencer par le lobby, que l’on s’approprie comme l’entrée d’une résidence privée : des assises basses et tables en marbre ponctuent les salles adoucies par des pans de rideaux en panne de velours gris lustré qui finissent d’assouplir l’atmosphère. Des colonnes recouvertes de dalles noires font écho au sol réfléchissant ; elles se doublent ici et là de monolithiques vases noirs d’un mètre quatre-vingts surmontés de branchages et hortensias, élégamment dissimulées dans les volumes. Intimiste, donc, l’adresse londonienne ne compte que 85 chambres. Troisième propriété hôtelière de la Maison Bvlgari, après l’ouverture d’un établissement à Milan en 2004 suivi d’un second à Bali en 2006, l’hôtel de Knightsbridge fait écho au standing de prestige du quartier : 39 suites et 7 penthouses de 250m2, rythmées de couleurs atonales et vastes salles de bains immaculées, doublées de saunas individuels. On dirait presque qu’elles donnent suite au magistral spa et piscine qui s’étire au sous-sol entre mosaïques or, eau bleu-vert et murs en pierre fossilisée crayeuse.
Vient ensuite le restaurant, Il Ristorante ; pas de nom plus efficace pour dire ce qui est. Temple de la gastronomie italienne, il joue la carte de la simplicité en cuisine, alors que le palmarès du chef Robbie Pepin étonne : issu de la galaxie Ducasse, le voici qui conjugue une carte saisonnière au plus proche du produit. Quand on y plonge, depuis le rez-de-chaussée, en dévalant le vaste escalier à spirale, on renoue avec les codes et proportions parfaitement modernistes : partout où le regard se pose, l’escalier se délie, enroulé dans l’espace comme une suspension cinétique striée de montants métalliques. Il faut dire qu’Antonio Citterio a eu carte blanche pour ce projet.